Les médias sociaux, la confiance et la polarisation: Rapport 2017 sur les informations numériques

juin 24, 2017 • Articles récents, Derniers articles, Les infos du numérique • by

Médias sociaux

Les publics ne sont pas satisfaits de la qualité des informations et des commentaires en général, et sur les médias sociaux en particulier, selon le sixième rapport sur les informations numériques.

Ce rapport de l’Institut Reuters pour l’étude du journalisme s’est basé sur une enquête en ligne menée auprès de 70 000 personnes dans 36 pays. Il a confirmé que bien que plus de la moitié des répondants (54%) utilisent les médias sociaux comme source d’information, seulement un quart (24%) pensent que les médias sociaux font un bon travail, en séparant les faits réels de la fiction, comparativement à 40% pour les informations des médias traditionnels.

Dans des pays comme les États-Unis (20% / 38%) et le Royaume-Uni (18% / 41%), les gens sont doublement plus susceptibles de faire confiance aux médias traditionnels. Ce n’est qu’en Grèce que beaucoup plus de gens pensent que les médias sociaux font un bon travail parce qu’ils ont une très faible confiance dans les médias traditionnels  (28% / 19%).

La confiance dans les médias et l’influence politique

Faire confiance aux médias varie considérablement dans les 36 pays de l’enquête. La proportion la plus élevée des gens qui font confiance aux informations est en Finlande (62%), elle est la plus faible en Grèce et en Corée du Sud (23%).

Dans la plupart des pays, nous trouvons un lien fort entre la méfiance envers les médias et la perception de l’influence politique. Cela est particulièrement variable dans les pays à forte polarisation politique. Aux États-Unis, la polarisation politique signifie que les répondants sont plus susceptibles de faire confiance aux sources d’information qu’ils utilisent régulièrement (53%) que les informations en général (38%). Au Royaume-Uni, il semble que les retombées du vote en faveur du Brexit en juin 2016 ont entraîné une baisse de 7% de la confiance globale accordée aux médias qui chute de 50 % à 43%.

Variation des niveaux de confiance selon l’allégeance politique

Aux États-Unis, ceux qui sont pour les politiciens de la droite sont presque trois fois plus susceptibles d’exprimer leur méfiance  à l’égard des informations en général par rapport à ceux qui sont favorable à la gauche, alors qu’au Royaume-Uni, le modèle est inversé. Cela peut refléter la différence entre les médias dans chaque pays.  Jusqu’à récemment, il n’y avait pas d’équivalent américain (en termes de nombre de tirage) à la presse hautement partisane du centre-droit dominante au Royaume-Uni.

Dans chaque pays, cela a créé des fractures au niveau des nouveaux sites Web originels au niveau de l’accès au marché – avec Breitbart atteignant 7% du taux de pénétration hebdomadaire de notre échantillon américain et le site de soutien à Jeremy Corbyn, The Canary, marquant 2% du taux de pénétration hebdomadaire au Royaume-Uni.

Les différences dans le paiement des informations en ligne entre les régions

Dans tous les pays, environ un sur dix (13%) seulement paye pour les informations en ligne, mais il existe de grandes disparités entre les régions. Environ 1/4 des interviewés en Norvège payent pour les informations en ligne (26%) et environ 1/5 des interviewés en Suède (20%) contre seulement 6% en Grèce.

Le rapport révèle que cela dépend du revenu le plus élevé disponible ainsi que la culture de l’abonnement à l’imprimé, qui a été transféré au numérique grâce au regroupement et aux publications gratuites. Mais il y a peut être un autre facteur dans certains autres endroits. Le côté positif de la polarisation et de la faible confiance accordée aux médias sociaux et aux médias d’informations en général s’est manifesté dans une augmentation remarquable des prix à payer pour les informations en ligne aux États-Unis, passant de 9% à 16% de notre échantillon en ligne. Les dons aux organismes d’informations ont également triplé.

La plupart des nouveaux abonnements et des autres paiements proviennent de ceux de la gauche politique, avec près d’un tiers disant qu’ils veulent «aider à financer le journalisme». Une croissance significative provient déjà des moins de 35 ans. Ceci contredit fortement l’idée que les groupes de jeunes ne sont pas prêts à payer pour les médias en ligne, en particulier pour les informations.

En Australie, il y a eu une croissance similaire au niveau du paiement des informations en ligne dans un autre environnement numérique relativement polarisé. Le nombre des Australiens qui ont payé pour les informations a évolué de 10% en 2016 à 13% en 2017 et 25% parmi eux déclarent que leur motivation la plus importante est de «contribuer au financement du journalisme». Il existe également des niveaux relativement élevés de dons au profit des informations en Australie.

Une croissance de la polarisation pourrait être au profit des organisations médiatiques

Il est clair que les industries des médias sont en train d’affronter des moments difficiles ainsi que l’augmentation de la polarisation et des fausses nouvelles et la chute de confiance dans les médias sociaux suscitent tous des problèmes. Mais il y a des signes selon lesquels, dans certains pays, cette même polarisation pourrait conduire à une volonté résurgente de la part de certains groupes pour soutenir les organisations médiatiques auxquelles ils se sentent plus proches. L’adversité politique peut susciter une affinité accrue avec les organisations médiatiques dans certains pays au moins, ce qui peut être une façon pour soutenir l’avenir du journalisme commercialement financé.

Remarque: Cet article a été publié sur la version anglaise de l’Observatoire Européen du Journalisme (EJO) et traduit en français par Nouha Belaid et en arabe par Seif Eddine El Amri

Crédit Photo @Flicker_ijiclark

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