Le Printemps Arabe favorise le Journalisme d’investigation et la création d’associations locales spécialisées

décembre 11, 2016 • Articles récents, Derniers articles, Journalisme spécialisé, Liberté de presse et censure, Media et Politique, Media et Politique • by

A la recherche de l'information

A la recherche de l’information

L’avènement des révolutions arabes et la chute des dictatures, ont créé un environnement propice pour la promotion du journalisme d’investigation dans les pays du Printemps Arabe. Ainsi, des associations pour la promotion de ce journalisme ont vu le jour successivement dans les pays de la région.

Le déclenchement du Printemps Arabe a favorisé la création d’un climat de liberté d’expression, la prise de conscience du public de l’importance d’une information fiable et l’élaboration de lois d’accès à l’information dans certains pays comme la Jordanie, la Tunisie et le Yémen. Dans ces nouvelles conditions, le développement d’un journalisme d’investigation est devenu plus que nécessaire, afin d’accroitre les capacités professionnelles des journalistes, de leur permettre de mieux informer le public et de renforcer la bonne gouvernance dans leurs pays en transition démocratique.

ARIJ (Arab Reporters for Investigative Journalism), une organisation régionale, née dix ans auparavant, avait déjà préparé le terrain, avant le Printemps arabe, pour la promotion du journalisme d’investigation dans la région MENA. En effet, elle a réussi à former une génération de journalistes arabes, initiés à un journalisme basé sur la vérification des données et à une approche journalistique fondée sur les preuves. Conçue comme un réseau de rencontre et d’échange d’expériences entre les différents acteurs arabes agissant dans le domaine du journalisme d’investigation, ARIJ devait aussi encourager plus tard, la création d’organisations similaires, mais opérant à l’échelle locale dans chaque pays arabe, où le besoin de développer les compétences nationales, au niveau de la formation, du coaching et de la production d’enquêtes d’investigation, commençait à se ressentir fortement. En outre, il était nécessaire pour chacun de ces pays, de créer son propre model en journalisme d’investigation, adapté à ces besoins et à ses problèmes spécifiques.

Décentralisation

Ainsi, des associations locales pour la promotion du journalisme d’investigation ont vu le jour ces dernières années, dans plusieurs pays, comme le Maroc, la Tunisie, le Yémen, l’Irak, la Syrie et la Palestine.  L’objectif étant de former des journalistes aux techniques du journalisme d’investigation, en plus de la promotion de la culture du journalisme d’investigation dans ces pays.

En mars 2009, est née l’ AMJI (Association marocaine pour le journalisme d’investigation), créée à l’initiative de Monjib Moâti, universitaire et fervent défenseur des Droits de l’homme, avec la participation de  jeunes  journalistes d’investigation, comme Hichem Mansouri, condamné en 2015 à 10 mois de prison pour une affaire montée de toutes pièces par le régime de son pays.

En mai 2011, naissait NIRIJ (Network for Iraqi Reporters for Investigative  Journalism), une association irakienne, formée par des journalistes irakiens d’investigation avec pour mission de fournir l’appui rédactionnel, logistique et financier aux journalistes qui désirent améliorer leurs capacités en matière de journalisme d’investigation et produire des enquêtes. Certains travaux produits par les membres de cette association ont été primés à l’échelle arabe et internationale. L’Irak de l’après – Saddam constituait, en fait, un terrain fertile pour mener des enquêtes sur des problèmes touchant à la corruption, aux droits de l’homme et au terrorisme.

En décembre 2012, a été fondée l’Association des journalistes d’investigation yéménites, en collaboration avec le Syndicat des Journalistes Yéménites. Une association qui est appuyée par l’organisation ARIJ.

Trois années plus tard, trois associations pour le journalisme d’investigations ont vu le jour successivement, TAIJ (Tunisian Association for Investigative Journalism) en mai 2016, Network of Investigative Journalists in Palestine, en octobre 2016 et SIRAJ (Syrian Investigative Reporting for Accountability Journalism) en novembre 2016.

« Cross-border journalism »

La multiplication des associations spécialisées dans l’investigation dénote une prise de conscience dans le Monde Arabe de l’importance de développer le journalisme d’investigation et d’améliorer les capacités des journalistes locaux dans la recherche de l’information et sa vérification et  dans la production d’articles fondés sur des données, afin de dénoncer la corruption et les atteintes aux droits de l’homme.

Cependant, la prolifération de ces associations, soulève un défi, celui de les voir travailler ensemble et de créer un réseau fort, permettant l’échange des expériences, la production d’enquêtes d’investigation communes qui peuvent impliquer plusieurs pays et différents journalistes arabes, en plus de la création d’un réseau de solidarité et de soutien aux journalistes attaqués pour leurs travaux d’investigation. Des possibilités énormes peuvent se dégager de cette collaboration entre journalistes, permettant de développer aujourd’hui ce qu’on appelle le « cross-border journalism », où la quête de la vérité dépasse les frontières et donne lieu à des investigations plus vastes et plus percutantes et dévoile des grands réseaux de mafia transnationales et de corruption, à l’image de ce qui s’est passé avec les « Panama papers » et Swissleaks.

 

 9éme Congrès international d’ARIJ (1-3 décembre 2016)
L’organisation ARIJ (Arab Reporters for Investigative Journalism) vient de tenir son 9éme Congrès international du 1er au 3 décembre 2016, à Amman, sous le thème « On voit, on écoute, on expose ». Le congrès a vu la participation d’environ 400 participants, parmi eux des journalistes d’investigation arabes et internationaux, des experts et des bailleurs de fonds.
Durant trois jours, les participants ont pu prendre part à environ 25 séances de débat et des sessions de formation qui ont porté sur les thèmes récurrents en matière de nouvelles techniques utilisées dans le journalisme d’investigation et des perspectives de développement de ce genre journalistique, à l’échelle arabe et internationale.
Le congrès a été clôturé par une cérémonie de remise des prix pour les meilleurs travaux d’investigation, dans les catégories de l’écrit et de l’audio-visuel, qui sont allés aux journalistes de la Tunisie, de l’Egypte, du Yémen et de la Jordanie.
Remarque: Crédit photo @Imh-Org

 

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