Le panel de la séance d’ouverture

La Tunisie a abrité du 15 au 17 novembre 2018 la première édition des assises du journalisme de Tunis, à la Cité de Culture. Il s’agit d’un grand événement qui a rassemblé plus que 500 journalistes, directeurs de médias, étudiants et universitaires représentant une trentaine de pays méditerranéens et africains.

Cette première édition avait comme thème « du journalisme utile au citoyen ». Les trois journées ont été meublées par des ateliers, des débats et des formations portant sur plusieurs thématiques liées à la presse et aux médias dans le monde entier, à savoir : la régulation et l’autorégulation des médias, la vérification des informations, la formation au journalisme, la situation des journalistes, les contraintes économiques des médias, les nouveaux formats du journalisme à l’ère du numérique et l’éducation des médias.

Lors de la séance d’ouverture animée par Hamida El Bour (directrice de l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information) et Taoufik Mjaied (journaliste à France 24), les panelistes ont confirmé l’utilité d’un journalisme qui répond à la demande des citoyens et non pas aux pouvoirs économiques et politiques.

Dans son allocution d’ouverture, le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed,  n’a pas manqué de souligner la corrélation qui existe entre la démocratie et les médias, tout en rappelant la volonté de la Tunisie d’établir une démocratie juste et une presse libre et indépendante, qui représente un acquis fondamental de la Révolution tunisienne, a-t-il insisté.

Lors de son discours inaugural, Jérôme Bouvier, le fondateur des « Assises Internationales du Journalisme », a signalé que la Tunisie se bat pour la liberté d’expression et pour un journalisme de qualité malgré les contraintes d’ordre économique et sécuritaire. Ce qui explique le choix de la Tunisie pour abriter un tel événement.

Quel journalisme utile aux citoyens ?

De son côté, Madiambal Diangue (président de l’Union de la Presse Francophone) a mis l’accent sur le rapport que devront avoir les citoyens avec les médias. A son avis, les citoyens devront être au cœur des médias ou contribuer au travail journalistique à travers les médias sociaux.

Marc Saikali (directeur de France 24) a participé également à ce panel d’ouverture en adoptant durant son discours, un ton ironique. Bien que la ligne éditoriale de la chaine publique « France 24 » est dotée d’une marge de liberté, il disait« ma vie est cauchemar car je reçois tous les jours des appels des ministres et des opposant qui disent qu’on raconte du n’importe quoi ». Il a insisté ainsi sur le fait que la ligne éditoriale de sa chaine dans ses différentes langues, se base sur la liberté, l’indépendance, la honnêteté et jamais la neutralité.

De même, il a ajouté que « France 24 » cherche à respecter la dignité humaine, les droits de l’homme et l’égalité entre les hommes et les femmes. Il existe déjà 35 nationalités au sein de la salle de rédaction de « France 24 ». Donc il n’y a pas de place selon lui, pour le racisme. « Moi mon patron c’est le peuple de la France. C’est la même ligne éditoriale pour les quatre chaines ». confirme-t-il.

Après avoir salué le quatrième pouvoir venant des différents pays notamment des pays qui souffrent la dictature, Zied Dabbar (membre du bureau exécutif du Syndicat National des Journalistes Tunisiens) a signalé que tout le monde rêve d’un journalisme arabe libre qui transmet les soucis du peuple. Cependant, on ne pourra pas malheureusement attendre des médias saoudiens de traiter la souffrance des Yéménites vu la situation conflictuelle qui existe entre ces pays

Représentant la chaine télévisée publique, Samira Mahdaoui (rédactrice en chef à la Wataniya) a confirmé que la vocation des médias publics est complètement différente de celle des médias privés. A son avis, les médias publics ne sont pas dans une course pour l’audimat mais leur rôle principal consiste à garantir une information de qualité.

Cet événement grandiose organisé par l’association Journalisme et Citoyenneté, a été soutenu par, le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT), Reporters sans frontières (RSF), l’Union internationale de la presse francophone, l’Agence française de développement, l’Agence France-Presse, Internews et l’UNESCO. Ces assises sont une déclinaison des « Assises du Journalisme » qui se tiennent chaque année à Tours en France.

Notons également qu’un réseau de journalistes d’investigation francophones à été mis en place à l’occasion de cette première édition des Assises Internationales du Journalisme de Tunis.

Rendez-vous à la prochaine édition des Assises de Tunis en 2020 !