Comment lutter contre les fausses nouvelles encourageant l’anti-vaccination ?

avril 9, 2021 • Articles récents, Derniers articles, Dossier d'actualité, Le journalisme au temps du coronavirus • by

Crédit photo @the Conversation

Ces dernières années, les fausses nouvelles sont devenues un élément permanent de notre quotidien. L’émergence des médias sociaux a encouragé en réalité la propagation des fausses nouvelles, en un laps de temps minime, au point que certains médias professionnels adoptent le contenu véhiculé par ces plateformes électroniques sans même vérifier la véracité de leurs informations.

C’est pour cela que certains ateliers de formation portant sur le fact-checking viennent d’avoir lieu en Tunisie, avec le soutien de la Fondation Friedrich Naumann pour la Liberté afin de lutter contre ce phénomène et rappeler aux journalistes tunisiens les bonnes pratiques pour les éviter.

Dans ce sens, ces derniers mois, la crise du Covid-19 a présenté un terrain fertile pour les fausses nouvelles et les théories conspirationnistes, partout dans le monde. En Tunisie, la plateforme « Check-News » a mené un grand travail dans la vérification des fausses nouvelles portant sur le coronavirus. Plus d’une dizaine de fausses nouvelles par jour ont été repérées en Tunisie pendant la crise du COVID 19, portant sur le coronavirus en rapport avec la communication du ministre de la Santé Monsieur Abdelatif Mekki.

Il est à noter, dans ce cadre, qu’entre le 02 mars et le 09 avril 2020, l’équipe travaillait sur un nombre qui varie entre 15 et 20 vérifications d’informations en moyenne par jour.  Sur un total de 236 vérifications 90 % sont des informations relayées et qui se sont révélées fausses.

Aujourd’hui, bien que la campagne d’immunisation globale contre le Covid-19 n’ait pas encore démarré, la désinformation sur les vaccins fait rage sur les médias sociaux. Ceci n’est guère surprenant, étant donné que ce sujet a toujours été d’actualité.

Dans un  rapport publié novembre 2020 par « First Draft », , les chercheurs Rory Smith, SebCubbon et Claire Wardle ont étudié l’écosystème de la désinformation sur les vaccins contre le coronavirus en analysant un échantillon de 1200 posts écrits en trois langues (anglais, français et espagnol), publiés entre juin et septembre 2020 sur trois plateformes (Facebook, Twitter et Instagram).

Les participants ont en effet, dénoncé les motivations politiques ou économiques derrière les vaccins, ont mis en cause leur sécurité, leur efficacité ou leur nécessité, ont questionné les défis posés par le développement et la distribution des vaccins, ont relaté des théories conspirationnistes, ont dénoncé une privation de la liberté et ont mis en discussion leur moralité.

Les auteurs de ce rapport ont confirmé d’ailleurs qu’il suffit de quelques minutes d’exposition à un contenu anti-vaccin en ligne pour réduire l’intention de vaccination d’une personne. Ce qui explique d’ailleurs le nombre réduit des Tunisiens inscrits aujourd’hui sur la plateforme « Evax.tn» dédiée à l’inscription au vaccin. Près de 921 946 personnes seulement se sont inscrites en ligne ou via téléphone, jusqu’à présent, dans le programme national de vaccination contre le coronavirus.

Une grande campagne anti-vaccination a eu lieu en Tunisie ces derniers mois, au point que certains pensent que certains politiciens tunisiens vont profiter du marché de vaccination pour gagner de l’argent suite à l’affaire de corruption des masques ayant eu lieu en mai dernier.

A la fin du rapport « First Draft », une série de recommandations a été partagée afin de lutter contre l’idée d’anti-vaccination véhiculée en ligne :

Il faut cesser de compter sur les efforts de fact-checking et les politiques de modération des plateformes. Il s’agit de mesures réactives, qui risquent en plus d’encourager les communautés antivax à migrer vers des plateformes alternatives plus difficiles à surveiller.

Il faut considérer les différences et les spécificités de chaque contexte linguistique, et agir en conséquence, afin d’éviter des situations de surabondance informationnelle.

Il faut que les organismes de recherche soient impliqués pour identifier les fausses nouvelles et traiter les données pertinentes, ce qui permet d’éviter l’offre excédentaire d’informations sur un sujet donné.

Il est essentiel de suivre l’évolution des récits de la désinformation sur les vaccins pour mieux cibler la lutte contre ce phénomène. Ces récits se sont adaptés et continueront à s’adapter au contexte évolutif de la crise sanitaire.

Les récits issus des communautés antivax devraient être mieux surveillés. Nombre d’entre elles s’opposent directement au concept d’immunisation et le discréditent.

Il faut trouver un moyen de reconnaître les incertitudes et les craintes des gens, plutôt que de les rejeter. Il est crucial de jeter des ponts entre les experts de la santé et ceux qui remettent en cause la sécurité des vaccins.

Ainsi l’Etat tunisien est appelé à suivre ces recommandations afin de convaincre les Tunisiens de l’importance du vaccin, sinon on risquera réellement d’investir de l’argent sur la base d’une grande dette auprès du Fonds Monétaire International (FMI) sans aucune utilité. De plus, ceci mettra en danger la santé des Tunisiens, puisque le virus continuera à se propager autant que les fausses nouvelles.

 

Remarque: Cet article a été publié sur Espace Manager

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