Migration irrégulière : La couverture des médias tunisiens en question

février 21, 2018 • Articles courts, Articles récents, Derniers articles, Ethique et Qualité • by

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Le naufrage d’un certain nombre de migrants irréguliers, le 8 octobre 2017, sur les côtes tunisiennes de Kerkennah (Gouvernorat de Sfax) suite à la collision de leur embarcation avec un navire de l’armée tunisienne a donné lieu à une controverse médiatique suscitée par les versions contradictoires  de certains survivants et celle de l’armée sur les causes de l’accident. Ce drame a soulevé une polémique sur le degré de professionnalisme des médias tunisiens dans le traitement de ce sujet. La Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA) en Tunisie a réagi en publiant un rapport intitulé «Le traitement médiatique de la migration irrégulière».

L’échantillon de recherche sélectionné par le rapport publié par la HAICA le 29 décembre 2017 couvre quatre chaînes de télévision et trois stations de radio publiques et privées.

Les chaînes de télévision sont Watanya  1 , Nessma TV, Al Hiwar Attounsi et Hannibal TV. Les stations de radio sont Radio Sfax, Radio Mosaique FM et Radio Shems FM. L’étude a couvert la période du 9 octobre au 22 octobre 2017, soit 20 heures et 42 minutes de temps d’antenne consacré au traitement de la migration irrégulière dans les chaines de télévision ainsi que 10 heures, 56 minutes et 42 secondes de temps d’antenne consacré à la même thématique dans les chaines de radio.

Couverture télévisée

Nessma TV arrive en tête de liste des chaînes de télévision analysées avec un temps d’antenne de 12h18 consacré à la migration irrégulière. En deuxième position, El Hiwar Attounsi a consacré 05 :06 :24  suivi d’Al Watanya 1 avec 2:56:35 et de Hannibal TV avec 00 : 20:27 seulement de temps d’antenne consacré à la question.

Pour les types de programmes télévisés traitant de la migration irrégulière, le classement en ce qui concerne Al Watanya 1 est en faveur des magazines d’actualité  avec une couverture d’une heure, 41 minutes et 48 secondes, soit 57,65%, suivi des bulletins d’information avec 56 minutes et 38 secondes, puis par les programmes de divertissement avec 11 minutes et 48 secondes, soit 6,68%. Enfin, 60 minutes et 21 secondes ont été consacrées aux interviews, soit 3,6% de la couverture réservée à la question.

Les nouvelles sur la migration irrégulière ont bénéficié d’un traitement prioritaire dans les journaux d’informations pendant six jours (du 9 au 22 octobre). Le rapport de la HAICA a démontré que la couverture des événements liés à la migration irrégulière était factuelle à hauteur de 70%.

En ce qui concerne la chaîne Alhiwar Attounsi, la présence d’invités de diverses affiliations s’est traduite par une variété de positions: une position pour la migration irrégulière, une position contre et une position neutre.

La compréhension à l’égard de la migration irrégulière a été exprimée par un petit nombre d’invités  (16,67%),qui se sont rangés du côté des migrants irréguliers et ont sympathisé avec les victimes. Certains ont remis en question la version de l’armée. En ce qui concerne les opposants à la migration clandestine, la plupart des invités étaient favorables à l’institution militaire et ont exprimé cette position en faveur de la nécessité d’appliquer strictement la loi. Cette catégorie d’invités appartient principalement aux autorités officielles.

Couverture radio

Radio Sfax occupe la première place en terme de temps d’antenne consacré aux sujets liés à la migration irrégulière, selon le rapport de la HAICA, en raison de la proximité géographique de cette radio avec le lieu du drame. Radio Sfax a consacré 5 heures, 35 minutes and 37 secondes suivie par  Shems FM qui a consacré 3 heures 11 minutes 27 secondes et Mosaique FM qui a consacré 2 heures, 09 minutes et 38 secondes.

Le rapport de la HAICA indique que les médias étudiés ont respecté les règles professionnelles liées à la couverture de ce drame à travers des sources d’information diversifiées en plus des sources officielles et des victimes.

Les médias de l’échantillon étaient ouverts sur toutes les parties impliquées dans ce drame, dont notamment la société civile et les politiciens, en vue de fournir au public des informations précises. Cependant, le rapport a déploré l’absence complète de sociologues et de psychologues capables d’analyser ce phénomène migratoire et ses répercussions sur les jeunes en particulier.

Remarque: Cet article a été publié sur le site français de l’Observatoire Arabe du Journalisme et traduit par Yosr Belkhiria

 

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