Premier Forum arabe pour les doctorants en SIC : L’agenda scientifique arabe en débat à Tunis

janvier 20, 2019 • Articles récents, Derniers articles, Formation en Journalisme • by

Près de 90 doctorants et enseignants-chercheurs universitaires,  provenant de dix pays arabes et européens, ont participé aux travaux du premier « Forum arabe pour les doctorants en sciences de l’information et de la communication (SIC) » qui a eu lieu du 2 au 4 janvier 2019 à l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information, relevant de l’Université de la Manouba, en Tunisie.

L’IPSI qui a célébré cette année son 50ème anniversaire, a délivré de 2013 à 2018 pas moins de 42 diplômes de doctorat à des étudiants provenant de dix pays arabes, selon les statistiques fournies par sa directrice Hamida El Bour.

Le Forum, ce nouvel espace de réflexion, a regroupé de jeunes chercheurs en SIC qui ont posé énormément de questions, puisées dans leur expérience, afin d’obtenir des réponses, des analyses et une vision claire sur l’avenir de leurs travaux de recherche. Tous étaient convaincus que le savoir se construit avant tout par  l’encadrement, l’échange et la discussion.

Le deuxième partenaire de ce forum est « Le Réseau arabe pour les sciences de l’information et de la communication ». Il s’agit d’une association scientifique internationale indépendante à but non lucratif, cherchant à valoriser la recherche scientifique dans le monde arabe et à constituer un rassemblement arabe de professeurs et de chercheurs dans le domaine des SIC, d’après la déclaration de son Président, Noureddine Miladi, à la séance d’ouverture.

Le forum s’est décliné en quatre axes fondamentaux, à savoir : les présentations de projets de thèses de doctorat dont les propositions ont été acceptées par le jury d’évaluation, un séminaire de réflexion sur la recherche en doctorat en SIC dans le monde arabe : réalité et perspectives, des ateliers de méthodologie de recherche en vue de la préparation de la thèse et des conférences sur les problématiques théoriques et épistémologiques actuelles en  sciences de l’information et de la communication.

Tous les participants ont mis l’accent sur la nécessité de renouveler l’organisation de rencontres scientifiques dans le domaine des SIC, en vue de développer et renforcer les échanges et d’explorer les recoupements possibles entre les diverses approches de recherche.

Pour sa part, Dr. Abdelfettah BENCHENNA, (membre du LabSIC, Université Paris 13) a indiqué que « la première chose qu’on pourrait éventuellement évoquer est l’attente des doctorants » ajoutant que ces derniers ne venaient pas pour recevoir des leçons mais pour partager leurs préoccupations liées à la méthodologie et à vérifier s’ils sont sur la bonne voie.

Il a souligné qu’au cours des ateliers, les doctorants ont posé des questions très légitimes telles que « est ce que ma méthodologie est la bonne ? », « est ce que vous pouvez me recommander des références bibliographiques qui pourraient renforcer mon cadre théorique ? Comment appréhender les nouveaux médias sur le plan méthodologique ?, comment analyser les contenus ?… », précisant que ce sont des questions posées par tous les autres chercheurs dans d’autres pays, des questions partagées qui nécessitent véritablement de les intégrer dans ce genres de rencontres scientifiques fructueuses.

De son côté, Dr. Dominique Marchetti, Directeur de recherche au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) a considéré que « cet échange très enrichissant a reflété de fortes attentes en termes de méthodologie, de terrain et de théorie»

Il a insisté que « l’idéal serait de pérenniser un peu plus ce genre d’échanges, parce que d’un côté comme de l’autre, on besoin de ces échanges, vraiment, il serait utile de renouveler ces rencontres de façon plus fréquente parce qu’ils sont nécessaires », expliquant que du côté européen, ils ne connaissent qu’une partie des travaux de recherche qui se réalisent dans le monde arabe.

Marchetti a estimé qu’« en Tunisie ou dans d’autres pays voisins, on rendait quasiment impossible la pratique de la recherche, vu l’accès difficile aux références bibliographiques, aux bases de données existantes … et cela mériterait d’être mis sur la table de discussion, de réfléchir autour de ces défis ainsi que sur d’autres thématiques ».

S’agissant des thèmes programmés pour ce premier forum arabe des doctorants, on peut citer à titre d’exemple : « Recherche scientifique en sciences de l’information et de la communication dans le monde arabe : Réalités et perspectives », intervention inaugurale du Pr Abdelkrim Hizaoui (Tunisie), dans laquelle il a incité à repenser les SIC dans un contexte en perpétuelle mutation.

Plusieurs interrogations qui demandent une réflexion approfondie ont été posées par Pr. Hizaoui, notamment en rapport avec la régulation, l’autorégulation, la propriété des médias privés et leurs financements, la conquête des médias par le monde des affaires, ou encore la légitimité de l’intervention de l’Etat dans le secteur du journalisme, la gouvernance de l’information, le journalisme à l’heure du digital, etc.

La question de l’encadrement des doctorants a été également débattue au cours de l’atelier sur « la déontologie de la recherche scientifique ». Pr. Hizaoui et Dr. Larbi Bouamama (Algérie) ont rappelé et défendu tous les deux les droits des doctorants, à partir des cas concrets et ont rappelé par la même occasion les devoirs des directeurs de recherche qui représentent la locomotive principale du monde de la recherche.

Dans une ambiance qui correspond à la nature de Evènement, sous les applaudissements de la salle et dans la bonne humeur de tous, les organisateurs ont procédé à la remise des diplômes. C’était un moment de fierté teinté d’émotion pour tous les participants à cet événement.

Au terme de la cérémonie de clôture du Forum, vendredi 4 janvier 2019,  Dr. Larbi Bouamam, a annoncé que la deuxième session du forum sera abritée par  l’Université algérienne de Mostaghanem en 2020.

 

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