Josiane Jouët : Transparence et opacité des traces numériques

juin 16, 2018 • Articles récents, Derniers articles, Journalisme spécialisé, Les infos du numérique • by

Crédit photo @Guillaume Le Mignot

 

« Les traces numériques forment un objet, un terrain et un outil de recherche », a affirmé Josiane Jouët, lors de sa conférence inaugurale « Transparence et opacité des traces numériques », tenue dans le cadre du colloque scientifique organisé par l’Université du Havre, en France, du 06 au 08 juin 2018. Il existe de plus en plus de recherches portant sur les traces numériques, avec une hétérogénéité des champs de recherche, d’après la conférencière.

Synthèse des idées développées par Josiane Jouët lors de sa conférence ;

Les traces numériques permettent d’étudier l’usage des dispositifs techniques et les relations sociales en réseau, mais également de construire des bases de données.  Pourtant, il semble toujours difficile de collecter des informations sur la vie des individus car on ne pourrait étudier qu’un petit segment de ce qui peut se passer sur les réseaux et sur Internet. Il a fallu faire des choix.

Puis, contrairement à ce pense que la majorité des chercheurs, Josiane Jouët a confirmé qu’en tant que chercheur, on pourrait travailler sur le numérique d’une manière artisanale, sans dépenser de l’argent car « on peut travailler sur le numérique sans être dans de grands laboratoires de recherche ».

L’observation ethnographique en ligne  constitue une méthodologie de recherche émergente. De même, la cartographique dynamique permet l’étude des traces en représentant graphiquement des données. Nous assistons ainsi à de nouvelles alliances entre les sciences dures et les sciences de l’Homme et de la société. Donc l’informatique s’intègre de plus en plus dans les sciences humaines.

Cependant, les traces numériques ont des atouts mais aussi des limites. Bien que les traces numériques assurent par exemple, la visibilité des actions, des contenus et des flux ainsi que l’extraction de données, l’outil numérique souffre de l’instabilité des plateformes, de l’existence des algorithmes de filtrage, des spams, des faux comptes et des bots. Nous parlons donc de la non neutralité des traces numériques. Puis les dispositifs numériques produisent des modèles de quantification et non pas de qualification.

Quant à la relation entre le monde réel et virtuel, Professeur Jouët a rappelé que le monde numérique n’est pas une duplication du monde physique. C’est vrai qu’une large partie des pratiques sociales se déroulent en ligne, et le numérique, a modifié par exemple, les formes des relations interpersonnelles, mais aucune duplication n’a lieu. Bien au contraire, les activités numériques se ressourcent dans les réalités physiques et dans l’épaisseur des transformations sociales.

Il en découle qu’il est fort important d’investir davantage dans l’étude des traces numériques, malgré les nombreuses limites de ce type de recherche.

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