De nouvelles recherches démontrent que le journalisme mobile peut être une méthode plus efficace que les médias télévisés traditionnels pour interviewer des personnes. Dans une récente expérience de terrain, un « journaliste mobile » a pu persuader beaucoup plus de personnes de participer à des interviews « vox pop » qu’une équipe de télévision de deux personnes.
Ma récente étude, « Plus proche de l’histoire? L’accessibilité et le journalisme mobile » a étudié la façon dont le journalisme mobile affecte l’accessibilité. L’étude a examiné si les journalistes qui utilisent les techniques du journalisme mobile peuvent se rapprocher davantage de l’histoire et de la matière que ceux qui utilisent des outils journalistiques plus traditionnels.
Dans le cadre de la recherche, j’ai interviewé 11 « journalistes mobiles » expérimentés basés au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Irlande, en Australie, au Qatar et en Italie. Tous ces journalistes ont affirmé que le journalisme mobile leur permettait de filmer des histoires qui auraient été impossibles à filmer avec une caméra de télévision traditionnelle et une équipe.
Pour tester l’hypothèse, j’ai organisé une expérience de terrain dans un centre commercial à Helsinki. L’objectif était de découvrir si un « journaliste mobile » pouvait obtenir plus d’interviews « vox pop » que d’une équipe de deux personnes d’un média télévisé traditionnel.
Au total, 400 passants ont été abordés dans le centre commercial Kamppi. Le « journaliste mobile » et l’équipe de télévision ont abordé 200 personnes sur deux jours en février 2017.
La différence entre les deux méthodes d’interview était remarquable. Lorsque le « journaliste mobile » a abordé les participants, 33,50% des passants se sont arrêtés et ont donné une interview. Seulement 21% se sont arrêtés et ont donné une interview à l’équipe de télévision. La marge d’erreur était de 6,93%.
Il existe deux raisons possibles pour expliquer la différence. Tout d’abord, le « journaliste mobile » a travaillé seul, alors que l’équipe de télévision était composée d’un journaliste et d’un caméraman.
Deuxièmement, le premier a utilisé un iPhone, une poignée, un microphone « lavalier » et une petite lentille externe pour le tournage, tandis que l’équipe de télévision était équipée d’une grande caméra, d’un support de caméra et d’un microphone de journaliste.
Regardez la vidéo pour voir comment les approches ont été faites.
Questions d’âge et de genre
On a demandé à certains des participants quelle méthode d’interview ils préféraient. Un homme de 23 ans a déclaré que le journalisme mobile était la meilleure méthode.
« Si c’est une grande caméra, vous pourriez avoir l’impression que vous allez donner une grosse chose ou qu’on vous posera des questions très sérieuses. C’est très familier. Nous connaissons bien les téléphones portables. Nous les utilisons tous les jours. Alors, c’est bien et c’est amusant « , a-t-il déclaré en position debout devant le « journaliste mobile ».
Un autre passant, un homme de 26 ans, a déclaré que le « journaliste mobile » semblait plus amical parce qu’il était seul: « Question difficile. Je n’ai pas rencontré l’un d’eux aussi souvent. Je ne peux pas dire … Peut-être que je choisirais une personne. Il y a moins de pression « , a-t-il déclaré.
Bien qu’il y ait eu de légères différences en fonction de l’âge et du sexe, le journalisme mobile s’est avéré une méthode plus efficace pour tous les groupes d’âge et chez les hommes et les femmes.
Lorsque l’équipe de télévision a abordé les participants, 23% des personnes de moins de 40 ans et 19,47% des personnes âgées ont consenti à être interrogées. Lorsque le « journaliste mobile » a essayé d’obtenir des commentaires, il a eu plus de succès dans les deux groupes d’âge: 39,81% des participants plus jeunes et 26,8% des participants plus âgés se sont arrêtés et ont donné une interview.
Les femmes avaient plus tendance à participer aux interviews « vox pop ». Lorsque le « journaliste mobile » a abordé les personnes, 38,89% des femmes et 27,17% des hommes ont accepté d’accorder une interview. Avec l’équipe de télévision, 25,47% des femmes et 15,96% des hommes ont accordé une interview.
Cependant, lorsque l’échantillon est divisé en petits groupes, la marge d’erreur et la possibilité de biais statistique augmentent.
Les gens ont-ils confiance en les « journalistes mobiles »?
Sur la base de l’expérience de terrain, le journalisme mobile semble être un moyen très efficace pour obtenir des interviews de « vox pop ». Cependant, il convient de mentionner que les résultats pourraient varier selon les différents types d’interview ou dans les différentes parties du monde. Selon les statistiques, les Finlandais sont particulièrement intéressés par l’utilisation de Smartphones.
Un inconvénient est apparu dans l’expérience sur le terrain et dans les interviews avec les journalistes mobiles: le manque de crédibilité peut constituer un véritable problème pour cette catégorie de journalistes.
Dans l’expérience, certains des participants ont déclaré qu’ils avaient plus confiance dans les équipes de télévision « appropriées ». Le problème a également été mentionné plusieurs fois lors des interviews avec les « journalistes mobiles » professionnels. Parallèlement à certains inconvénients technologiques, la crédibilité était l’un des rares inconvénients signalés par les journalistes mobiles expérimentés.
« Parfois, les gens pensent que « Mojo » (Mobile Journalism) est simplement une « source amateur » de données générées par les citoyens. Je pense que cette perception évolue au fur et à mesure que « Mojo » devient une forme d’information plus répandue et que les journalistes des médias imprimés en apprennent davantage sur la vidéo « , a déclaré Ivo Burum, producteur de télévision, journaliste et universitaire basé en Australie.
ِRemarque : Cet article a été publié la première fois sur le site anglophone de l’Observatoire Européen du Journalisme et traduit par Yosr Belkhiria.