Détestation des journalistes en hausse en 2018

mai 8, 2018 • Articles récents, Derniers articles, Liberté de presse et censure, Media et Politique, Media et Politique • by

Photo RSF

 

Un accroissement des sentiments haineux à l’encontre des journalistes et une hostilité revendiquée envers les médias, encouragée par des responsables politiques et la volonté des régimes autoritaires d’exporter leur vision du journalisme, sont les principales menaces enregistrées par « Reporters Sans Frontières » (RSF) dans l’édition 2018 de son Classement mondial de la liberté de la presse.

En effet, le rapport démontre que de plus en plus de chefs d’Etat ‘démocratiquement’ élus voient la presse non plus comme un fondement essentiel de la démocratie, mais également comme un adversaire pour lequel ils affichent ouvertement leur aversion. Les Etats-Unis de Donald Trump figurent, par exemple, à la 45e place du Classement, en recul de deux places par rapport à l’année dernière. « Le président adepte du “media-bashing” décomplexé, en qualifiant les reporters d’“ennemis du peuple”, use d’une formule utilisée autrefois par Joseph Staline », lit-on dans le rapport. De plus, « l’hostilité des dirigeants politiques envers les médias n’est plus l’apanage des seuls pays ‘autoritaires’ comme la Turquie (157e, -2) ou l’Egypte (161e), qui ont sombré dans la “média-phobie” au point de généraliser les accusations de “terrorisme” contre les journalistes et d’emprisonner arbitrairement tous ceux qui ne leur prêtent pas allégeance. »

Environnement de travail dégradé

C’est dans la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) que la dégradation de l’indicateur environnement, climat dans lequel travaillent les journalistes, est la plus forte. Les conflits armés qui perdurent en Syrie (177e), au Yémen (167e, -1), les accusations récurrentes de terrorisme utilisées contre les journalistes en Egypte (161e), en Arabie saoudite (169e, -1), au Bahreïn (166e, -2) continuent de faire de cette région du monde l’endroit où il est le plus difficile et le plus dangereux pour un journaliste d’exercer sa profession, selon RSF.

Avec un score moyen qui s’est légèrement amélioré par rapport à 2017, l’Afrique occupe désormais le troisième rang sur la liste des Régions où la liberté de presse est la plus menacée. Toutefois, elle  présente également des situations très variées. « La fréquence des coupures internet, notamment au Cameroun (129e) ou en République Démocratique du Congo (154e), qui s’ajoute aux fréquentes agressions et arrestations, révèle de nouvelles formes de censure dans la région. La Mauritanie (72e), qui a adopté une loi punissant de peine de mort le blasphème et l’apostasie même en cas de repentir, affiche la plus forte régression du continent : moins 17 places. », lit-on de même source.

 

Le départ du pouvoir de trois « prédateurs de la presse » en Afrique ouvre cependant une ère prometteuse pour les journalistes du Zimbabwe (126e, +2), d’Angola (121e, +4) et de Gambie (122e), qui affiche un gain de 21 places soit la plus forte hausse du Classement. L’Afrique a, en effet, été devancée par l’Europe qui occupe le premier rang dans le classement et l’Amérique, le deuxième rang.

 

Des discours de haine à l’apogée

Aux Philippines (133e, -6), le président Rodrigo Duterte, coutumier des insultes et des menaces à l’encontre des médias d’information, a prévenu : être journaliste “ne préserve pas des assassinats”, a rappelé RSF. En Inde (138e, -2), les discours de haine envers les journalistes sont relayés et amplifiés sur les réseaux sociaux, souvent par des armées de trolls à la solde du Premier ministre Narendra Modi, indiqué RSF. En l’espace d’un an, dans chacun de ces deux pays, au moins quatre journalistes ont été abattus. Les violences verbales des leaders politiques à l’encontre de la presse se sont multipliées aussi sur le continent européen, a indiqué RSF.

La Norvège reste en tête du Classement pour la seconde année consécutive, talonnée comme l’an dernier par la Suède (2e). Traditionnellement respectueux de la liberté de la presse, les pays nordiques n’en sont pas moins affectés par la détérioration générale. A l’autre extrême du Classement, la Corée du Nord (180e) conserve la dernière place. « Le Classement montre l’influence grandissante des “hommes forts” et des contre-modèles. », estime RSF.

 

 

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