Bien qu’ils soient toujours classés en tête de liste des pays arabes, les Comores ont perdu cette année 7 places dans le classement RSF de la liberté de la presse 2019. Par contre, la Tunisie a gagné 25 places pour être classée cette année au 72ème rang, tel qu’il a été annoncé lors d’une conférence de presse organisée jeudi 18 avril 2018 à Tunis.
Le rapport annuel de RSF a souligné ainsi que « la haine des journalistes a dégénéré en violence, laquelle est facteur d’une montée de la peur. Le nombre de pays considérés comme sûrs, où les journalistes peuvent exercer leur métier en toute sécurité, continue de se réduire, tandis que les régimes autoritaires renforcent leur emprise sur les médias ». C’est bel et bien le cas de nombreux pays arabes notamment dans les zones de conflit (Yémen, Syrie, Lybie, etc.).
Les Comores ont occupé ainsi la première position suivie de la Tunisie en 2ème position dans la liste des pays arabes, de la Mauritanie, du Liban, du Kuweit, du Qatar, de la Jordanie, d’Oman, du Maroc et de la Palestine. Bien que le Maroc ait gardé la même position de l’année dernière, la Tunisie et la Jordanie sont les seuls pays arabes qui ont avancé dans le classement. La liberté de presse dans la majorité des pays arabes est en déclin permanent pour des raisons politiques, sociales et économiques.
Liberté de la presse : Top 5 du classement des pays arabes (RSF 2019)
Classées à la 56ème position, les Comores sont considérées comme étant un modèle à suivre étant donné que la liberté de la presse est garantie par la Constitution de 2001 et révisée en 2018. Selon le rapport de RSF « l’autocensure est une pratique courante chez les journalistes comoriens en raison de lourdes peines punissant la diffamation. Les journalistes souffrent principalement d’un manque cruel de ressources et de formation, et peinent à se structurer ». En 2018, une journaliste comorienne a été menacée de poursuites par un ministre. De même, le directeur du quotidien public « Al-Watwan » a été limogé peu après avoir exprimé, dans un éditorial, la nécessité de laisser les voix critiques du référendum s’exprimer. Notons d’ailleurs que les Comores ont perdu l’année dernière, 5 places, ce qui confirme que la liberté de presse dans ce pays est en chute continue.
Quant à la Tunisie, selon le rapport de RSF « les organisations de la société civile tunisienne et les ONG internationales ont exprimé leurs inquiétudes quant aux lenteurs et aux manquements qui marquent l’élaboration du nouveau cadre légal relatif au secteur médiatique ». Mais ceci n’empêche pas de confirmer l’engagement de ce pays faveur de la liberté de l’information comme l’un des piliers de la transition démocratique. Ceci a été marqué, en 2018, par l’appui au lancement de la Déclaration internationale sur “l’information et la démocratie”.
Or certains journalistes tunisiens tel que Fahem Boukaddous (directeur exécutif du Syndicat national des journalistes tunisiens), pensent que « la politique d’atermoiement adoptée par le gouvernement actuel dans l’activation de la convention collective des journalistes tunisiens risque de faire perdre la Tunisie sa position actuelle ». Ceci a été indiqué jeudi dernier lors d’une conférence de presse organisée par RSF à Tunis. Ces journalistes tunisiens ont appelé ainsi à l’amélioration du cadre législatif en remplaçant les décret-loi 115 et le 116 de 2011 et en adoptant le projet de loi relatif à la liberté d’expression, de presse, d’édition et d’impression élaboré par plusieurs composantes de la société civile nationale et internationale.
Classée en 2018 en deuxième position dans le classement des pays arabes, cette année, la Mauritanie est classée en troisième position mais après avoir déjà perdu 22 places. Dans ce pays, selon le rapport de RSF, « les journalistes s’autocensurent quand ils doivent couvrir la corruption, les militaires, l’islam ou l’esclavage ».
Ainsi la liberté de presse dans les pays arabes semble être un rêve continu vu la situation actuelle des régimes politiques. Certains pays du « printemps arabes » sont devenus plus autoritaires qu’auparavant, ce qui a rendu la situation des médias lamentable dans ces pays.
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