Suite aux manifestations pro-démocratiques du « printemps marocain », les médias nationaux marocains ont connu plusieurs courtes étapes d’ouverture, qui ne pouvaient pas survivre à la tactique du régime et à son attitude hostile à l’égard de la liberté des médias , tel est le premier constat du rapport « Moroccan National Media : Between change and statu quo » (les médias marocains, entre changement et statu quo) élaboré par Fatima el-Issawi, chercheuse au LSE Middle East Centre (London School of Economics and Political Science).
Le rapport publié en avril 2016 fait partie du projet « Médias nationaux arabes et politique: la démocratie revisitée », examinant la relation entre les médias de masse traditionnels et la sphère politique dans le cadre des changements politiques secouant le monde arabe.
Tabous et auto-censure
La nouvelle constitution de 2011 consacre certains droits au profit des médias. Cependant, l’écart entre ce texte et la pratique rend le processus de libéralisation des médias incohérent, avec des trajectoires contradictoires. Cette répression se manifeste sous plusieurs formes plus ou moins déclarées.
La résilience des tabous « sacrés » limite le journalisme d’investigation ‘correct’ aux sujets politiques qui ne sont pas au cœur du pouvoir. L’absence d’une structure réglementaire qui protège l’ouverture informelle des médias réduit ces derniers à des « structures fragiles », en proie aux tactiques du régime.
Le nouveau dynamisme dans la sphère politique se reflète dans la polarisation des médias, agissant comme un miroir de la lutte entre les tendances conservatrices et celles modernistes dans la société marocaine. Bien qu’elle élargisse la diversité de la production médiatique, cette polarisation alimente les tendances vers le populisme et le sensationnalisme.
Le journalisme d’investigation ne peut pas se développer de manière réaliste dans l’environnement actuel caractérisé par le contrôle des médias. La combinaison de sanctions juridiques, des amendes exorbitantes et boycotts économiques agit comme un obstacle sérieux à l’existence d’une presse indépendante. Les habitudes bien ancrées de l’auto-censure et la peur du changement parmi les journalistes rendent ces derniers réticents à aller au-delà des rapports révérencieux.
Pratique du dénigrement moral contre les journalistes critiques et les militants des droits civiques, à travers des affaires juridiques fondées sur la vie privée des personnes, transformées en motifs.
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