Quatre vingt journalistes assassinés en 2018 : RSF tire la sonnette d’alarme !

janvier 11, 2019 • Articles courts, Articles récents, Derniers articles, Journalisme spécialisé, Media et Politique • by

Crédit image @RSF

Quatre vingt  journalistes (incluant les professionnels et les non-professionnels ainsi que les collaborateurs de médias) ont été tués en 2018 dans le monde. Un chiffre alarmant qui, contrairement aux années précédentes, avait évolué. En effet, le nombre des journalistes tués était en régression depuis quelques année ,jusqu’à 2017. L’année 2018 était, selon un bilan établi par Reporters Sans Frontières (RSF), exceptionnellement dramatique, avec un nombre des journalistes tués, professionnels et non professionnel, en augmentation de 13 % , passer de 55 journalistes professionnels tués en 2017 à 63 et de 7 non professionnels à 13. En 10 ans, le quatrième pouvoir aurait perdu 702 journalistes professionnelsdepuis 2008, outre les détenus, les « introuvables » (disparus) ou encore les pris en otages.

Cette augmentation pourrait s’expliquer par la dégradationde la situation politique dans les régions marquées par les conflits armés mais aussi et surtout politiques.  « En 2018, des journalistes ont été sciemment visés au motif que leurs enquêtes dérangeaient les intérêts de telles ou telles autorités politiques, économiques ou groupes religieux ou mafieux. Les cas des journalistes slovaque et saoudien, Jan Kuciak, tué le 21 février et Jamal Khashoggi, assassiné au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul le 2 octobre, illustrent la détermination de ceux qui veulent faire taire à tout prix les journalistes qui « dérangent », rappelle RSF. Le nombre des journalistes assassinés ou sciemment visés a atteint les 43 journalistes contre 31 tués dans l’exercice de leurs fonctions.  75 d’entre eux sont des journalistes locaux (94%) contre seulement 5 journalistes étrangers.

En effet, parmi les six pays les plus meurtriers au monde pour les journalistes, trois – l’Inde, le Mexique, et pour la première fois les Etats-Unis – sont des pays en paix. Et pourtant les journalistes y sont tués de sang-froid. Une nouvelle fois, le Mexique est le pays en paix le plus meurtrier pour la profession, avec neuf journalistes assassinés cette année.

Sur une liste des 4 pays les plus meurtriers pour l’année 2018, figurent 2 pays arabes : la Syrie (2e) et le Yemen (3e) après l’Afghanistan, en tête de liste. En Syrie,  11 journalistes, tous Syriens, ont été victimes du conflit au cours de l’année. Parmi eux, deux journalistes professionnels, huit nonprofessionnels et un collaborateur de médias, quasiment tous tués dans des bombardements.  « Une tendance à la baisse qui ne doit pas occulter les risques grandissants pris notamment par ces journalistes non-professionnels syriens pour témoigner du conflit », estime RSF.

Au Yémen, huit journalistes ont été tués en 2018 contre deux l’an dernier. Le pays s’enfonce dans l’horreur de la guerre, les combats font rage malgré les appels internationaux à l’arrêt du conflit. L’ONU a récemment qualifié la situation au Yémen de « pire crise humanitaire au monde ». Quand ils ne meurent pas sous les bombes, les journalistes périssent dans les prisons, victimes de mauvais traitements. Anwar al Rakan, à titre d’exemple, a été détenu  par les Houthis pendant près d’un an. Libéré alors qu’il était à l’article de la mort, ce journaliste yéménite est décédé le 2 juin,  peu de temps après sa libération. D’après le témoignage de sa famille, le journaliste a été épuisé physiquement par la faim, la torture et la maladie.

Cette année, l’Irak, pour la première fois depuis 2003, n’a pas été meurtrier pour les journalistes. Après trois ans de combats sanglants, les forces irakiennes ont réussi à reprendre le contrôle du pays, au prix d’une longue bataille qui a infligé une défaite au groupe « Etat Islamique ». La reprise de Mossoul et des autres points stratégiques du pays a signé l’arrêt des combats dans lesquels de nombreux journalistes avaient perdu la vie les années précédentes.

Des assassinats qui ont marqué le monde arabe

RSF a recensé deux assassinats qui ont eu un retentissement mondial, ceux du journaliste saoudien JamelKhashoggi et du journaliste palestinien Yasser Murtaja. En effet, l’assassinat du journaliste et dissident saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, le 2 octobre,  a provoqué un tollé international. Porté disparu jusqu’à ce que les autorités saoudiennes reconnaissent sa mort, Jamal Khashoggi aurait été tué par strangulation, puis démembré, selon les autorités turques. L’opération aurait été menée par un commando envoyé d’Arabie saoudite et reparti le jour même. Ce journaliste, exilé aux Etats-Unis, était venu au consulat pour des démarches administratives en vue de son futur mariage.

Le 6 avril dernier, le journaliste palestinien Yasser Murtaja succombait à ses blessures, après avoir été touché par des tirs de l’armée israélienne pendant l’une des manifestations organisées dans le cadre de « la marche du retour » à la frontière avec Israël. Yasser Murtaja, 30 ans, était pourtant clairement identifié comme journaliste sur le terrain. Deux semaines plus tard, un autre journaliste palestinien Ahmed Abu Hussein, âgé de 25 ans, décédait lui aussi de ses blessures après avoir été touché par une balle lors d’une manifestation à la lisière de la bande de Gaza et de la frontière israélienne. D’après des témoins, le journaliste qui se trouvait à 700 mètres de la frontière, dans une zone calme, s’est effondré après avoir été la cible d’un tir manifestement délibéré.

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