Ce que le public tunisien attend de sa télévision

mai 2, 2017 • Articles récents, Derniers articles, Economie des médias, Économie des Médias • by

Le public tunisien estime que les médias sont mieux placés que le pouvoir judiciaire pour demander des comptes aux responsables, a révélé une étude menée en juin 2013 par « BBC Media Action » sur   un échantillon de 1000 Tunisiens.

Selon cette étude, les Tunisiens interrogés veulent que les médias interpellent les responsables gouvernementaux, mais sans aller jusqu’à le déclarer eux-mêmes directement dans les médias.

En 2013, BBC Media Action a enquêté sur 1.000 Tunisiens âgés de 15 ans et plus sur leur utilisation des médias, y compris de la télévision nationale, et leurs points de vue sur la gouvernance en Tunisie. L’analyse de ces données a donné un aperçu des attitudes de l’auditoire et des habitudes de consommation des médias chez les Tunisiens. « Plus des deux tiers du public ont signalé que s’il y avait une façon d’interroger les représentants du gouvernement, ils le feraient », révèle cette étude.

Les principaux résultats 

Plus de la moitié (54,7%) des Tunisiens trouvent que les médias traditionnels (TV, radio et journaux) jouent un rôle important dans l’évaluation des dirigeants. Les citoyens les ont classées avant les autres institutions, y compris l’institution judiciaire qui a été classée deuxième avec 49,9%.

Seulement 17% des Tunisiens sont satisfaits de l’action des fonctionnaires du gouvernement. Soixante-huit pour cent (68%) s’accordent à dire que s’ils avaient la possibilité d’interroger les représentants du gouvernement, ils auraient soulevé un problème qui était important pour eux. Pourtant, la plupart des citoyens n’ont pas de contact avec les médias.

La télévision reste la principale source d’information en Tunisie pour les questions politiques et les affaires courantes (citée par 83% des Tunisiens). Les amis constituent la deuxième source la plus populaire (50%) suivis par la famille (43%). Cependant, seulement 51% des personnes font confiance en la télévision en tant que source face à 77% qui font confiance aux amis et à la famille. Concernant le critère principal du choix d’un programme de télévision, son « utilité pour la société» arrive en tête des réponses avec 42%.

L’enquête a également révélé de nouvelles données sur l’accès aux médias et leur consommation en Tunisie. En effet, 95% des ménages ont au moins un téléviseur et 88% parmi eux ont accès à la télévision au moins une fois par jour.

En ce qui concerne les nouveaux médias, l’enquête a révélé que 92% des ménages tunisiens disposaient d’au moins un téléphone mobile et 86% utilisaient leur téléphone mobile au moins une fois par jour. Vingt neuf pour cent  (29%) des ménages tunisiens ont accès à un ordinateur de bureau au moins et 34% ont accès à un ordinateur portable au moins. Soixante pour cent (60%) des Tunisiens ont accès à Internet au moins une fois par jour.

Les résultats de l’enquête soulignent le potentiel de la télévision pour faire la différence. Selon cette étude, la télévision reste la source d’information la plus importante sur la politique et l’actualité pour les Tunisiens, mais la confiance en la télévision est faible. Ainsi, « un travail qui répond aux défis de la confiance et de la crédibilité dans les chaînes de télévision tunisiennes est essentiel ».

La recherche démontre, en outre, qu’il existe une demande réelle de production qui traite des problèmes sociaux. « Lorsqu’on leur a demandé quel genre de programmes ils souhaitaient voir plus sur la télévision nationale, le plus grand nombre de personnes ont dit qu’ils aimeraient voir plus de production à caractère social », lit-on dans le rapport de BBC. Être «utile pour la société» était également un critère important identifié par le public pour qu’un programme soit apprécié.

L’enquête a révélé que la majorité écrasante des Tunisiens (93,5%) ne communiquent pas avec les médias sur les problèmes qui les concernent. La principale raison invoquée pour cela, fournie par près d’un tiers des personnes (32,9%), était que le fait de contacter les médias «ne fera pas la différence».

Le public tunisien a, néanmoins, estimé que les médias étaient meilleurs que toute autre institution tunisienne pour amener les dirigeants à rendre des comptes. Le niveau de satisfaction des Tunisiens à l’égard de leurs dirigeants demeure faible. Plus des deux tiers de l’audience ont déclaré que s’ils avaient une façon d’interroger les représentants du gouvernement, ils le feraient.

L’étude a enfin invité les médias à exploiter ce désir collectif et à en trouver un moyen d’accroître la volonté du public tunisien de les contacter. Ainsi, « les médias en Tunisie pourraient continuer à demander des comptes au gouvernement et à fournir au public ce qu’il désire. »

Cette étude s’inscrit dans le cadre du fonds de partenariat Arab Media, du « British Foreign and Commonwealth Office ». Il s’agit d’un projet que BBC Media Action a réalisé depuis 2013 avec la Télévision Nationale Tunisienne dans son processus de transition d’une télévision gouvernementale  vers une télévision de service public.

Crédit Photo @la_review_of_books

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