Personne ne peut nier de nos jours la présence des publics des chaines télévisées sur Internet. C’est bel et bien le cas des chaines tunisiennes pendant ce mois de Ramadan. Ces chaines ne se contentent plus de l’audience réalisée en temps réel mais cherchent également à attirer de l’audience en ligne.
Ainsi, sur les pages Facebook sont annoncées souvent l’audience des épisodes des séries télévisées sur YouTube, surtout que les sondages des bureaux d’études notamment « Sigma Conseil » sont toujours remis en question et considérés par de nombreux Tunisiens non crédibles. Par contre, le nombre de vues d’une vidéo sur YouTube est affiché au public en toute transparence et sans aucun intermédiaire.
D’ailleurs, cette fuite des publics aux chaines YouTube des chaines télévisées est une pratique qui est devenue très répandue, pour de nombreuses raisons, notamment : la possibilité de visionner le contenu à tout moment et n’importe où ( TV Anywhere and Everywhere) ainsi que l’absence des passages publicitaires.
Notons ainsi que le mois de Ramadan est cette période de l’année durant laquelle les entreprises investissent de l’argent pour promouvoir leurs produits à travers des passages publicitaires lancés durant la diffusion des feuilletons télévisés. De même, les feuilletons présentent la production primordiale de toute chaine télévisée pendant ce mois religieux. C’est la raison pour laquelle la chaine « Elhiwar Ettounsi » (الحوار التونسي) a acheté les droits de diffusion du feuilleton « Machaaer » (coproduction tuniso-algérienne) quand la Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle (HAICA) lui a interdit de diffuser son feuilleton « Aoulad Moufida » en prime time vu qu’il comporte plusieurs scènes de violence.
Ainsi, le téléspectateur se trouve obligé de suivre les passages publicitaires pour regarder son feuilleton sur l’écran cathodique. Par contre, sur Internet, le téléspectateur n’est soumis à aucun facteur. C’est lui qui décide le contenu à regarder. Il pourrait même sauter des séquences de son feuilleton télévisé s’il trouve qu’il est inutile de les regarder.
Nous avons remarqué déjà que de nombreux téléspectateurs ont abandonné l’écran classique pour suivre leurs feuilletons sur Internet afin d’éviter les contraintes. Si aujourd’hui, on se met devant la télévision, c’est pour vivre ce moment de rupture de jeûne, accompagné des membres de la famille, mais le visionnage des feuilletons télévisés sur Internet est devenu plus apprécié par de nombreux téléspectateurs notamment la jeune génération.
Une première expérience d’un feuilleton tunisien uniquement en ligne, a été enregistrée d’ailleurs cette année, sur YouTube. Ce feuilleton dont la durée maximale de ses épisodes est 20 minutes, est intitulé « No9tet Tahawael ». Il a été lancé par deux jeunes acteurs amateurs. Il ne s’agit pas de leur première expérience d’acting en ligne. Bien au contraire, ils ont plus que 700 000 abonnés. Ce feuilleton a réussi à attirer déjà plus que 190K vues pour un seul épisode. Cependant, la publicité n’était pas absente mais se limitait juste au démarrage de l’épisode parce qu’ils savent que le téléspectateur fuit les passages publicitaires.
Les pratiques télévisuelles des téléspectateurs ont donc changé mais les responsables des médias en Tunisie se sont adaptés à ses pratiques et ne cessent d’alimenter leur chaîne YouTube avec du contenu télévisuel. Une fois que l’épisode d’un feuilleton est diffusé en temps réel, il est systématiquement mis en ligne sur la chaîne YouTube. Mais si la consultation en ligne du feuilleton est toujours gratuite en Tunisie, la chaine panarabe « MBC 4 » a choisi cette année de monétiser sa plateforme « Shahid ». On attend donc à ce que le modèle économique des chaines télévisées tunisienne en ligne soit modifié dans l’avenir mais est ce que le téléspectateur tunisien sera prêt à payer pour un contenu télévisuel en ligne ?
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