« Le journal du Liban dans le monde arabe et le journal du monde arabe au Liban », tel a été le premier slogan du journal libanais « As-Safir », dont la disparition a été un choc qui a secoué le monde arabe. Ce journal a attiré depuis son lancement la plupart des écrivains et intellectuels du monde arabe en absence des médias libres dans leurs pays. La première interview du journal a été d’ailleurs menée avec le président palestinien, « Abu Ammar », étant donné qu’As-Safir soutient, depuis le départ, la cause palestinienne.
Dans son interview avec la journaliste libanaise Gisele Khoury, qui a été diffusée sur la chaîne BBC, Talal Salman, le fondateur du journal « As-Safir », connu pour ses positions tranchées sur les grandes questions politiques du monde arabe, a déclaré que plusieurs facteurs l’ont poussé à fermer son journal fondé en mars 1974 : Le climat politique actuel du monde arabe, y compris le Liban, la montée du numérique au détriment de la presse papier et le faible intérêt pour la lecture chez la nouvelle génération. Ceci a poussé Talal Salman à dire : « La situation actuelle du monde arabe ne m’accepte pas et je ne l’accepte pas non plus ».
Bien que le défi de son fondateur était au départ de mettre en place un journal arabe libanais progressiste, le défi actuel était d’assurer sa continuité sur la scène médiatique, vu que le l’obstacle financier est devenu difficile à surmonter en l’absence de subvention de la part l’État. Talal Salman a souligné à cet égard la différence avec les pays qui soutiennent la presse, comme la France, qui a obligé « Google » à payer pour les médias présents en ligne. En revanche, les Etats arabes se contentent de pleurer sur la disparition des journaux papier, en l’absence de toute initiative visant à assurer la continuité de leur publication, même si le journal As-Safir est considéré comme un journal du monde arabe.
Une arme comme cadeau pour son nouveau-né !
Le journal As-Safir a été aussi longtemps pour ses écrivains et ses journalistes un espace de parole libre, pour discuter les problèmes du monde arabe, ce qui a dérangé certains hommes politiques. Mais cela n’a pas empêché Talal Salman de rencontrer quelques hommes politiques les plus importants du siècle dernier. Lors de cette interview, la journaliste de la BBC, Gisele Khoury n’a pas manqué de lui poser des questions sur les hommes politiques rencontrés tout au long de sa carrière journalistique et de rappeler que la dernière interview de l’ex-Premier ministre libanais Rafik Al-Hariri avant son assassinat en 2005, avait été publiée dans le journal As-Safir.
Evoquant l’une de ses rencontres avec l’ex- président irakien Saddam Hussein, Talal Salmane raconte qu’elle a coïncidé avec l’accouchement de sa femme et en a informé Saddam au moment de prendre congé. Alors que les gens ont l’habitude d’offrir des bouquets de fleurs ou des boites de chocolat ou des jouets pour enfants, Saddam Hussein lui a offert le plus étrange des cadeaux à l’occasion de la naissance de son premier fils : un vrai pistolet ! Il a même tenu, ce jour-là, à prendre une photo souvenir avec lui.
Le fondateur du journal As-Safir revient également sur ses autres rencontres, sachant qu’il a connu les personnalités politiques les plus importantes que le monde arabe ait connu au cours du siècle dernier, comme Gamal Abdel Nasser, Hafez Al-Assad , Bachar Al-Assad, pami d’autres.
Talal Salman a également évoqué, lors de cette interview télévisée, d la tentative d’assassinat dont il a été l’objet en 1984, précisant que l’identité du tueur reste inconnue jusqu’à aujourd’hui. Mais selon lui, les indices accusent le Président libanais de l’époque, Amin Jemayel, écartant l’hypothèse d’une implication de l’armée syrienne dans cette affaire.
Pour regarder la vidéo complète de l’interview :https://www.youtube.com/watch?v=FMeVOjcNZTY&feature=player_embedded
TagsAs-Safir, BBC, crise économique, Gosele Khoury, Liban, Nouha belaid, Talal Salman