Le Journalisme de données (Data Journalism) est considéré en tant qu’un grand défi à l’heure actuelle, pour des journalistes de différents domaines de spécialités. Bien que certains le considèrent en tant que spécialité à part entière en journalisme, d’autres estiment qu’il s’agit bien d’une pratique dont devrait être doté tout journaliste aujourd’hui, à l’ère du web 4.0.
Le manuel de journalisme de données que nous venons de publier répond au besoin de développer les pratiques digitales des journalistes. Il s’agit de la présentation graphique à vocation informationnelle d’un bon nombre de données qualitatives ou quantitatives.
Aujourd’hui, avec le développement de la qualité d’Internet (4 G et même 5G) et l’émergence des applications mobiles ainsi que des sites d’Internet à différentes vocations (graphique, montage, édition, etc.), le journaliste se trouve appelé à développer ses pratiques digitales pour ne pas être en dehors de la sphère numérique. Tous les médias sont présents aujourd’hui sur le Net, y compris la télé et la radio, à l’ère de la convergence médiatique.
Contexte d’évolution du journalisme de données
A partir du moment où le consommateur de l’information (lecteur ou auditeur ou téléspectateur) ne trouve plus le temps pour lire un article complet ou visionner un reportage télévisé jusqu’à sa fin ou écouter un flash info radiophonique jusqu’à sa dernière minute, les médias sont appelés à revoir la façon avec laquelle ils présentent leurs informations. Donc si le public des médias n’aura pas le temps pour suivre une information sur le média classique, la plateforme numérique pourrait abriter également cette information. Cette dernière pourrait être présentée sous forme d’image au lieu d’être présentée sous forme de texte.
Mais ce qui a réellement contribué à l’évolution du journalisme de données, c’est bel et bien, ce contexte de « open source » dans un environnement qui encourage la libre circulation des données. Donc à partir du moment où le journaliste s’est trouvé bombardé par un grand nombre de données, il s’est trouvé en quête de recherche d’un moyen pour présenter ce grand tas de données d’une façon lisible, et ce, pour le grand public des médias.
De même, le journalisme de données était à maintes occasions, un outil pour le journaliste d’investigation afin de présenter les résultats de son enquête d’investigation. C’est une façon pour traiter l’information d’une façon optimale au lieu de se limiter à un texte long et souvent ennuyeux. Le journalisme de données a permis ainsi d’aider le journaliste à susciter l’intérêt des citoyens sur des problématiques sociétales.
Evolution du journalisme de données
Bien que de nombreux journalistes pensent que le journalisme de données est une nouvelle pratique, l’histoire de l’humanité confirme que la représentation graphique des données existait depuis la naissance de l’être humain, et ce, à travers les graffitis sur le mur. D’ailleurs, il est possible aujourd’hui de déchiffrer l’histoire de l’humanité à travers ce qui est dessiné sur les murs des grottes et autres.
Par la suite, le journalisme de données a évolué en tant que pratique journalistique mais sous forme d’une autre appellation telle que « conception assistée par ordinateur » ou « l’infographie journalistique » ou autre. Mais cette appellation de journalisme de données semble être récente et s’est propagée notamment avec la naissance de la rubrique « Data Blog » sur le site du journal britannique « The Guardian», éditée par Simon Rogers.
Au fil des années, des projets basés par le journalisme de données ont vu le jour dans le monde arabe à savoir : Infotimes, Bayanet Box, kholassa, Inkyfada et Tunelyz. Ce dernier est un projet tunisien lancé dans par deux ingénieurs tunisiens qui ont vu dans l’expérience tunisienne en matière de « open gov » une expérience prometteuse, ce qui a aidé réellement à la naissance d’un tel projet. Il suffit de s’abonner à la newsletter de leur site pour recevoir l’actualité chiffrée en Tunisie sous forme de graphique.
Les étapes du journalisme de données
Le journalisme de données est outil de traitement d’un sujet d’actualité d’une manière brève, précise et concise en passant par ces étapes :
- Collecter les données
- Vérifier les données
- Sélectionner les données
- Visualiser les données
- Rédiger son histoire journalistique et la partager
Souvent on pourrait tomber sur une base de données importante, mais il nous semble difficile de la traiter pour s’en sortir avec une histoire journalistique. Ce qui confirme que l’étape du tri pour sélectionner les données nécessaires, est une étape importante du processus d’un journaliste de données. Dans une situation pareille, le programme de Microsoft « Excel » présente un outil crucial pour exercer le journalisme de données. Or pour manipuler un tel programme, il faut avoir le minimum de compétences mathématiques.
En absence des données ouvertes, les journalistes pourront avoir recours à des informaticiens pour extraire les données d’un site Internet. Notons déjà que le journalisme de données pourrait être individuel ou collectif. Si le journaliste n’a pas les compétences informatiques nécessaires, il est légitime d’avoir recours à un graphiste ou un informaticien.
Par la suite, la vérification des données est une étape à ne pas négliger pour être sûr de la crédibilité de l’information qui sera partagée avec le public. Parfois, nous sommes appelés à confronter les données trouvées via deux sources différentes. Ce qui nous appelle souvent à consulter plusieurs sites de données ouvertes pour s’assurer de l’information. Le journaliste est appelé toujours à citer sa source de données en mentionnant le site source des données. Dans le cas du journalisme d’investigation, il faut se méfier de données présentées par des pairs en les vérifiant.
La visualisation des données est une étape plus ou moins délicate, étant donné qu’il faut sélectionner le bon modèle pour présenter les données. Parfois le journaliste pourra disposer de données importantes mais il n’arrive pas à les présenter d’une manière correcte. Lors de cette étape, le journaliste pourra faire appel à un graphiste comme il pourra se contenter des sites Internet qui propose gratuitement ce service. Il doit juste savoir choisir le bon modèle.
Enfin, raconter une histoire à partir des données collectées est une étape importante vu qu’il s’agit de créer une histoire cohérente avec les visualisations conçues. Certains journalistes se limitent aux graphistes alors que d’autres préfèrent que les visualisations soient liées à un texte journalistiques prenant la forme ainsi d’un « storytelling ». Ceci est un choix à faire mais faut que le graphique déjà résume le texte.
Vous trouverez ainsi dans ce manuel, une liste d’outils et de sites web qui permettent aux journalistes de créer et de visualiser gratuitement les données sous forme de graphique. De même, une liste des sites web de données ouvertes est mise à votre disposition. Et des formations gratuites sont déjà disponibles sur Internet pour développer vos pratiques en matière de journalisme de données.
Il est à noter que ce manuel de journalisme de données a été publié en décembre 2019, parmi les publications de la Fondation Friedrich Naumann et E-Gov Society dans le cadre de leur programme de formation en journalisme de données.
Remarque : Si vous voulez lire la version complète, veuillez cliquez ici
Lire aussi :
TagsData Journalism, données, Journalisme de données, Nouha belaid, Open Gov, Open Source, Tunisie