La deuxième édition de la conférence annuelle du Réseau des Journalistes de Données Arabes, a eu lieu cette année du 22 au 24 mars 2019, à l’Université Britannique du Caire. Cette édition avait comme thème « Le Journalisme de données dans les salles de rédaction ». Elle a été marquée par la présence de plus que 300 journalistes, formateurs, enseignants et étudiants en journalisme, de 16 pays différents.
Comme à l’accoutumée, plusieurs thématiques ont été traitées, en présence d’experts arabes, européens et américains, notamment : extraction de données à travers les médias sociaux, accès à l’information dans les pays arabes, outils de transformations de données en graphiques, etc.
Le Président du Réseau, Amr Eleraqi n’a pas oublié de mettre l’accent sur l’évolution du journalisme de données dans le monde arabe, surtout que l’équipe de « Infotimes » (média égyptien dont Amr Elearqi est également son fondateur et son directeur exécutif) a remporté l’été dernier un prix lors d’une compétition internationale à Lisbonne.
« Comment créer une équipe de journalistes de données au sein d’une salle de rédaction des médias arabes » était la première thématique traitée lors de cette conférence. Ainsi, professeur Adel Saleh a signalé que nous avons du journalisme de données pour promouvoir les données auprès du grand public mais également pour utiliser les données produites par le public. Le public est devenu d’ailleurs membre de la salle de rédaction étant donné qu’il est capable de produire un contenu médiatique enrichissant.
Des expériences réussies dans le monde
Eva Consta Natarass (Experte en journalisme de données) a mis l’accent sur son expérience dans huit pays du monde notamment l’Afghanistan, la Kenya, le Pakistan, et autres, pour mettre en place des équipes de journalisme de données, tout en étant soutenu par des institutions étrangères comme le PNUD et la Banque Mondiale.
En Kenya, elle a mis en place une équipe de deux journalistes, un designer et un développeur web. Selon Eva, le journaliste de données pourra travailler avec d’autres départements au sein d’un média mais il est préférable de mettre en place une équipe. Au Pakistan, elle a mis en place une équipe dans trois différentes salles de rédaction. Dans tous les cas, la réalité est différente du travail souhaité vu certaines contraintes notamment l’accès aux données.
Eva a confirmé que pour mettre en place une équipe de journalistes de données, il faut trouver des liens entre les salles de rédaction, créer des histoires autour de bases de données qui existent, créer un processus de transfert entre les équipes et rendre votre histoire une priorité avant les outils.
Andrew Lehren (Editeur du service de journalisme d’investigation à NBC News) a confirmé de son côté qu’au sein de l’équipe de NBC d’investigation, il existe 40 journalistes mais dix seulement qui ont des compétences développées en matière de nouvelles technologies.
Quant au journaliste Mohamed Faouzi (rédacteur en chef du portail du journal « Attahrir »), il a confirmé que chaque journaliste est un journaliste de données. Il y a des compétences développées en cette matière. Il a mis l’accent aussi sur la relation entre le graphiste et le journaliste. Bien que le journaliste ramène l’information puis le graphiste la transforme en une infographie, il voit qu’il est possible que l’infographiste propose la photo puis le journaliste trouve les données.
Manel Cherif (journaliste dans le journal saoudien « Al Bilad ») a confirmé que peu de journalistes sont conscients malheureusement de l’importance du journalisme de données. En Arabie Saoudite, « Mekka » et « Al Watan » sont les seuls journaux qui présentent des modèles graphiques.
Elle a insisté sur la comparaison entre le journaliste et le médecin. Il devrait toujours actualiser ses informations et compétences. Ainsi, le journaliste est appelé à développer périodiquement ses compétences.
Le journalisme de données à l’ère de l’intelligence artificielle
Ali Srour (expert en statistiques) a confirmé qu’il faut des moyens énormes pour mettre en place des salles de rédaction qui fonctionnent avec l’intelligence artificielle, notamment la présence de l’infrastructure adéquate, la présence des journalistes qui ont les compétences nécessaires, la présence des outils numériques, etc.
Il a signalé ainsi que les bases de données sont l’élément basique de l’intelligence artificielle. Cette dernière est en train d’affecter d’ailleurs les salles de rédaction, même si le journaliste n’est pas encore au courant de ce changement. La rapidité des technologies est devenue un constat réel, ce qui facilite la présence de l’IA.
De son côté, Ahmed Eshamy (journaliste syrien) a rappelé qu’il est possible d’avoir des données sur une personne à travers son compte Facebook.
Ahmed Eshamy était d’ailleurs parmi les gagnants de la compétition organisée par le Réseau des Journalistes des Données, pour la meilleure visualisation et le meilleur article basés sur les données. Le deuxième gagnant était Mahmoud Mohamed Eltabakh.
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