Les nouveaux médias et la révolution de l’information ont non seulement permis l’accès à l’information, mais aussi alimenté la propagation de la désinformation. Cette dernière a été définie par le Forum économique mondial comme l’un des problèmes les plus urgents du monde. Le « Fact-checking » (vérification de faits) apparaît ainsi comme le moyen le plus populaire pour lutter contre le déluge de cette désinformation.
C’est dans cette perspective que le Legatum Institute a élaboré un rapport intitulé « Les faits que nous pouvons croire: comment mieux vérifier les faits » (Facts We Can Believe In: How to make fact-checking better) définissant les principaux moyens de lutte contre ce nouveau fléau.
Le rapport a été élaboré par le « Forum Transitions » de l’Institut Legatum, de l’équipe travaillant sur la Propagande. L’Institut Legatum est un organisme de recherche international qui s’est concentré sur « la compréhension, la mesure et l’explication du voyage de la pauvreté à la prospérité pour les individus, les communautés et les nations. »
Afin de progresser, les « vérificateurs de faits » et les bailleurs de fonds ont besoin d’effectuer une vérification des faits dans les médias: Le contrôle des faits existe actuellement dans un créneau où il est recherché par ceux qui ont un intérêt prioritaire dans les «faits». Une voie à suivre consiste à inclure les vérificateurs de faits dans les débats d’actualités. Cela peut également aider à faciliter la vérification des faits.
Selon le rapport, les agences de développement des médias, les donateurs et les radiodiffuseurs publics internationaux tels que « BBG », « BBC Media Action » et « World Service » pourraient financer et créer des programmes avec une vérification intégrée. Une présence de vérification des faits plus permanente dans les émissions américaines et britanniques de radiodiffusion et de discussion aiderait, selon le rapport, à réduire les mensonges des politiciens.
Le rapport propose une autre solution, à savoir comprendre et pénétrer les « Echo Chambers » (Chambres d’échos): Les médias sociaux et les algorithmes de recherche ont permis aux auditoires de choisir eux-mêmes les «faits» qu’ils souhaitent entendre ou voir. « Tout simplement lancer « la vérité » produit un effet de retour qui résiste aux préjugés. Au lieu de cela, les chambres d’écho doivent être analysées et comprises et les principaux influenceurs identifiés », lit-on dans le rapport.
Une fois que les perceptions du monde sous-jacentes ont été comprises, les vérificateurs de faits peuvent s’engager de manière plus significative avec le public. Cette approche centrée sur l’auditoire doit informer le contrôle des faits dans l’ensemble, mais est particulièrement urgente pour les chambres d’écho qui constituent un risque de sécurité, comme celles dominées par des idéologies extrémistes violentes.
Une autre technique proposée par le rapport est celle de l’exportation des Techniques du « fact-checking »: certaines des technologies de vérification des faits les plus avancées sont développées par des experts établis aux États-Unis et au Royaume-Uni : à partir de widgets qui rendent les faits vérifiées faciles à partager en ligne, grâce à des programmes qui peuvent automatiquement détecter les informations en ligne et les relier à des réclamations similaires déjà vérifiées. Ces innovations pourraient aider les vérificateurs de comptes à diffuser leur travail plus largement et à le publier plus rapidement. Ils pourraient également aider à réduire les coûts de démarrage pour de nouvelles initiatives dans des pays comme l’Ukraine où la désinformation est répandue.
Encourager l’éducation et la réglementation peut également être une solution à la désinformation : la vérification des faits doit être considérée comme faisant partie d’une poussée plus large pour améliorer un discours public fondé sur des faits. Afin d’aider une nouvelle génération à traverser l’expérience des nouveaux médias, l’éducation aux médias doit être réinventée dans les écoles. Au niveau réglementaire, une autorité de normalisation pour les campagnes politiques pourrait aider à remédier à l’impunité des politiciens qui propagent la désinformation.
Enfin, établir une « Transparency International for Disinformation » serait également une solution: Selon le rapport, la désinformation est l’un des plus grands défis du monde aujourd’hui. Il existe un espace pour une ONG spécialisée sur cette question, jouant le même rôle en ce qui concerne la désinformation que « Transparency International » avec la corruption et « Human Rights Watch » avec les droits de l’homme.
La vérification des faits doit être plus qu’une simple réaction. Cela devrait faire partie d’un objectif plus large visant à responsabiliser les gens pour s’engager dans le débat public. Si le pouvoir est inextricablement lié à la connaissance, les vérificateurs de fait pourraient donner du pouvoir à ceux qui se sentent impuissants en veillant à ce que la connaissance exacte et authentique soit non seulement accessible à tous, mais prédominante dans le discours politique.
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