L’UNESCO a choisi de célébrer la 26èmecélébration de la Journée Mondiale de la Liberté de Presse à Addis-Abeba capitale de l’Ethiopie, ce pays qui a été classé 110ème au baromètre annuel de la liberté de la presse de Reporters Sans Frontières
Cette édition a été organisée du 01 au 03 mai 2019, conjointement par l’UNESCO, le gouvernement de la République Fédérale Démocratique d’Ethiopie et la Commission de l’Union africaine. Deux locaux ont ainsi abrité cet événement majeur, à savoir : le siège des Nations Unies et celui de l’Union Africaine à Addis-Abeba. Une première en Afrique, deux mille participants ont marqué leur présence, représentant différentes institutions : des ONG, des universités, des entreprises médiatiques et autres.
Cette année, le thème de la Journée Mondiale était : « Médias pour la démocratie : le journalisme et les élections en période de désinformation ».
La sécurité des journalistes dans les pays en confit a été le sujet de certains panels lors de cette édition, surtout que l’observatoire de l’UNESCO a dénombré 99 meurtres de journalistes en 2018.
Mais ce qui présente aujourd’hui un problème majeur dans l’histoire des médias, c’est la désinformation et la manipulation de l’opinion publique. Ces derniers présentent des menaces et un défi de plus pour le 4ème pouvoir.
Durant cette célébration, il y avait chaque jour au moins une quinzaine de panels dont cinq souvent en parallèle, mis à part les séances plénières et les stands à l’extérieurs des salles des conférences. Le sujet du 1er panel, le fact-checking ou la vérification des informations a suscité l’intérêt de plusieurs participants. Un atelier pratique a d’ailleurs été animé par Deutsche Welle, portant sur des cas concrets. Les présents dans la salle de cet atelier étaient appelés à vérifier des informations portant sur des affaires politiques.
Le deuxième panel qui a attiré un large public était celui de la situation des médias à l’ère de l’intelligence artificielle. Ainsi, la sécurité des données personnelles était le problème majeur de tous les participants à cet atelier, vu que nos traces numériques sont enregistrées et parfois vendues aux entreprises de marketing. Il est devenu assez facile de manipuler les gens pendant la période des élections, ce qui était déjà arrivé avec l’affaire de Facebook et Cambridge Analytica lors des élections américaines en 2016.
Mis à part les panels animés par les professionnels des médias et les experts des organisations internationales, une conférence académique a eu lieu, une occasion pour des chercheurs du domaine des médias venus des quatre coins du monde, pour présenter le contexte médiatique de leurs pays pendant les élections à l’ère de la désinformation. Il s’est avéré qu’il y a beaucoup de points communs entre les différentes expériences. Il est évident d’ailleurs que tous les hommes politiques cherchent à contrôler les médias et à manipuler l’opinion publique.
De même, une exposition menée par vingt-six caricaturistes internationaux a eu lieu, présidée par Plantu. Ces caricaturistes ont appelé l’Unesco à reconnaître l’accès à leur art comme un droit fondamental.
Les caricaturistes arabes n’ont pas raté cette occasion pour mettre l’accent sur la liberté de presse dans des pays comme la Tunisie, l’Egypte et l’Algérie. Alors que Tunisie a fait un saut de 25 points dans le classement mondial de RSF, la censure médiatique s’impose dans la majorité des pays arabes.
Une déclaration a été également été adoptée lors de la séance de clôture de cette célébration mondiale. Cette déclaration rappelle de l’importance de la liberté de presse, proclamée déjà dans les articles 19 et 20 de la Déclaration Universelle des Droits Humains, et des bonnes pratiques journalistiques pendant la période des élections, dans le monde d’une manière générale et en Afrique en particulier.
Notons aussi que quatre jours après la célébration de la Journée Mondiale de la Liberté de Presse, les lauréats conjoints de l’édition 2019 du Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO/Guillermo Cano, Kyaw Soe Oo et Wa Lone, ont été libérés après avoir bénéficié d’une amnistie accordée par le Président du Myanmar, Win Myint. Ces deux journalistes collaborateurs de l’agence de presse Reuters, ont été arrêtés pour leur travail d’enquête en cours sur des allégations de violations des droits de l’homme dans l’État de Rakhine, au Myanmar.