Lors d’une conférence de presse organisée mercredi 25 avril 2018 à Tunis, Virginie Dangles, rédactrice en chef de RSF, a souligné que la Tunisie reste un modèle où la liberté de la presse est relativement satisfaisante malgré les problèmes dont souffrent les journalistes tunisiens notamment en matière d’accès à l’information, selon le rapport annuel du classement mondial de la liberté de la presse, de Reporters Sans Frontières (RSF).
Bien qu’en 2017,certains journalistes tunisiens aient été interpellés par la police qui a saisi leur matériel et d’autres ont été brutalisés par les forces de l’ordre, la Tunisie a occupé la 3ème position dans la liste des pays arabes en gardant la même position de l’année dernière (97ème), suivie du Liban (100ème, -1), du Kuweit (105ème, -1), du Qatar (125ème, -2), d’Oman (127ème, -1), des Emirats Arabes Unis (128ème, -9), de la Jordanie (132ème, +5), de la Palestine (134ème, +1), du Maroc (135ème, -2), de l’Algérie (136ème, -2) et de l’Irak (160ème, -2).
Selon ce rapport, les Comores ont été considérés comme étant le pays le plus démocrate dans le Monde Arabe en occupant la 49ème position, suivis de la Mauritanie qui occupe la 72ème position. Pourtant elle a perdu 17 places dans le classement.
Selon ce rapport, la majorité des pays arabes a pris du recul à l’exception de la Tunisie qui a stagné, et la Palestine et la Jordanie qui ont avancé. L’avancement de la Jordanie est remarquable, car il s’agit de 5 rangs en avance alors que l’Emirats Arabes Unis, a pris du recul avec 9 rangs.
Classé le 160ème, l’Irak a fait un recul de deux rangs et a rejoint cette année les bas-fonds du classement. Il compte aujourd’hui, parmi les pays qui vivent une situation grave.
Soumis au régime militaire, RSF a mentionné dans son rapport que l’Egypte, classé la 161ème, a sombré dans la « média-phobie » étant donné qu’elle a généralisé les accusations de terrorisme contre les journalistes et beaucoup de ces derniers ont été emprisonnés parce qu’ils ne sont pas soumis au pouvoir existant.
Notons déjà que les conflits armés qui perdurent en Syrie (177ème) et au Yémen (167ème, -1) depuis 2012 ainsi que les accusations récurrentes de terrorisme utilisées contre les journalistes en Egypte (161ème), en Arabie saoudite (169ème, -1) et au Bahreïn (166ème, -2) continuent de faire de cette région du monde l’endroit où la profession du journalisme est très dangereuse et difficile à assurer. RSF a mentionné d’ailleurs, dans son rapport qu’« au regard des indicateurs utilisés pour mesurer les évolutions des pays, année après année, c’est dans la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord que la dégradation de l’indicateur environnement, c’est-à-dire du climat dans lequel travaillent les journalistes, est la plus forte ».
La Norvège, le Paradis des journalistes dans le monde
Dans son rapport annuel du classement mondial de la liberté de la presse, Reporters Sans Frontières (RSF) a signalé « l’accroissement des sentiments haineux à l’encontre des journalistes ». Il s’agit en effet, de « l’hostilité revendiquée envers les médias, encouragée par des responsables politiques et la volonté des régimes autoritaires d’exporter leur vision du journalisme menacent les démocraties ».
Cependant, dans dix pays du monde, les journalistes en souffrent moins. Selon ce rapport, la Norvège a été classée à la tête de ce classement mondial pour être considérée le « Paradis » des journalistes dans le monde. Il s’agit de ce pays où ses journalistes exercent leur métier dans un climat démocrate sans être soumis à des pressions de tout genre. Ce pays a été suivi de la Suède, des Pays-Bas, de la Finlande, de la Suisse, de la Jamaïque, de la Belgique, de la Nouvelle Zélande, du Danemark et de Costa-Rica. Ce sont les 10 pays où on entend très rarement parler des entraves à l’encontre du métier du journaliste, sachant que la Finlande a perdu un rang alors que le Danemark et la Nouvelle Zélande ont fait un recul de 5 rangs. Mais ils font tous partie des pays là où la liberté de presse est en bonne situation.
Évaluant ainsi la situation du journalisme dans 180 pays, un climat de haine de plus en plus marqué que ce soit dans le monde occidental ou oriental. Dans 27 % des pays, la liberté de presse se trouve dans une situation grave et dans 12 % des pays, la situation est très grave. Dans 9 % seulement des pays la situation de la liberté de presse est bonne et dans 17 % des pays, la situation est plutôt bonne. Par contre, dans 35 % des pays, les journalistes rencontrent des problèmes significatifs.
Il est à noter que le Classement mondial de la liberté de la presse est publié chaque année depuis 2002 à l’initiative de RSF. Il permet d’établir la situation relative de 180 pays en matière de liberté d’information. La méthodologie du classement s’appuie sur leurs performances en matière de pluralisme, d’indépendance des médias, d’environnement et d’autocensure, de cadre légal, de transparence et de qualité des infrastructures soutenant la production de l’information. Un questionnaire est proposé en 20 langues à des experts du monde entier, doublé d’une analyse qualitative.
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